Presque un jour à Jérusalem

Je vais vous raconter l’histoire d’une fille qui voulait aller à Jérusalem. Elle habite dans un petit village près de Ramallah, elle a 15 ans, elle n’a rien de spécial, c’est une fille ordinaire. Un dimanche, elle a décidé d’aller à Jérusalem, elle a pris une douche tôt le matin, elle a mis sa jolie robe bleue et était prête à y aller. La robe était un cadeau de son grand-père, peut-être que la robe n’était pas aussi jolie mais le souvenir de son grand-père était plus important.

 

Elle a pris le bus et elle a remarqué qu’elle était la plus jeune dans le bus. Elle ne s’en souciait pas, elle s’est plutôt sentie spéciale. Elle n’avait pas peur, elle a appris à ne pas avoir peur. Le bus est passé par le contrôle de sécurité afin que tous les passagers se fassent contrôler avant de continuer leur route jusqu’à Jérusalem. Il y avait plus de monde que la dernière fois qu’elle y était venue et pendant une seconde, elle ne savait plus par où passer. « Comment est-ce possible », murmura t-elle, « j’ai déjà fait ça plusieurs fois, trop de fois ». En un instant, elle trouva sa place dans la foule. Elle faisait très attention car elle ne voulait pas abîmer sa jolie robe.

 

Personne ne semblait avancer, ou on ne pouvait pas comprendre ce qu’il se passait à cause des cris et des hurlements. « Pourquoi est-ce la même chose à chaque fois ? murmura t-elle encore une fois. Elle ferma ses yeux et l’espace d’un clin d’œil, elle s’imagina responsable de cet endroit. Elle avait un plan de créer 3 lignes, une pour les femmes et les enfants, une pour les grands-parents et une pour les hommes. Sur son visage, se dessina un sourire de satisfaction. Oui, une fille ordinaire d’un village peut faire la différence, peut supprimer le fardeau de ces personnes même si elle savait que les hommes et les femmes en uniformes de l’autre côté allaient toujours être là.

 

« Noooon », cria-t-elle au milieu de ses pensées, quelqu’un l’a poussée et elle est tombée par terre. « Ma robe ». Elle était sur le point d’éclater en sanglots mais retint ses larmes. Elle s’est relevée et a crié sur tout le monde “vous les laissez vous contrôler” puis elle partit. Elle sait qu’elle va devoir faire face à la brutalité des personnes en uniformes et elle a réussi à le faire.

 

Dans sa tête, elle a gardé en mémoire le regard d’un homme de l’autre côté qui les regardait sournoisement avec joie et satisfaction. « Non », se dit-elle, je ne leur ferait pas ce plaisir.

 

Elle n’est pas partie à Jérusalem ce jour-là. Pour être honnête, elle n’est pas allée à Jérusalem depuis près de 10 ans.

 

Elle m’a avoué qu’elle n’avait qu’une peur. Les uniformes seront toujours là-bas et malheureusement la société palestinienne restera immobile.

 

PS : si vous trouvez des ressemblances avec la réalité, ne vous inquiétez pas, je vous assure que ce n’est que fictif.

 

 

Eftychia Psarra

 

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