Votre première entrée dans les Territoires palestiniens occupés par Israël peut être impressionnante, c’est à vous de décider si cette impression est positive ou pas.
Le mur monumental séparant Jérusalem de la Cisjordanie efface de votre vue tous les oliviers et les terres arides les remplaçant par des briques de béton horizontales : à partir de chacune des briques, vous pouvez entendre une voix illusoire criant « l’entrée ici est interdite et contraire à la loi israélienne ».
La vue de ce monstre gris vous poursuivant tout au long de votre séjour, des sentiments de regret, de déception, de désespoir vous appelle car ce n’est probablement pas la Palestine que vous imaginiez. Néanmoins, ces quelques minutes qu’il vous faut pour passer ces cages en fer, le contrôle des passeports, la circulation, le bruit urbain, ouvre votre point de vue et vos attentes sur un décor complètement différent. Pas encore la dabkeh et les oliviers mais des marchands ambulants de toutes sortes de produits, des enfants qui vous tournent autour essayant d’attirer votre attention pour vous vendre des briquets ou des sucettes, des mères et des enfants faisant des signes de la main de leurs balcons au loin, des dizaines de jeunes hommes et femmes dans une précipitation inquiétante avant leur passage au checkpoint.
Puis, allant au devant de la ville, au fur et à mesure que le service avance, vous pouvez apercevoir un kaléidoscope de paysages, fait de palmiers, de buildings et de camps de réfugiés. En effet, c’est la première introduction aux complexes et critiques aspects de l’occupation.
Après la fin de Deuxième Intifada, de 2003, la Palestine a été enfermée par des murs et des clôtures, conçus pour protéger l’Etat israélien de l’irréel ennemi de la violence palestinienne. Depuis, des villes comme Qalandiya, Qalqilya, Bethleem et d’autres sont prisonnières de tonnes de béton dur et de fils barbelés. Comme une nouvelle étape dans le processus d’occupation, cela a plongé toute la Cisjordanie dans de nouvelles formes de déplacement et de mouvement de restriction, et en se tenant aux faits, séparant la région en des zones déconnectées les unes des autres, et exacerbant toute la contradiction interne.
Les Palestiniens ont réagi, de nombreuses fois, avec des actes inattendus : transformant le monstre en « toile » en faisant des graffitis comme ceux de Bethléem ; escaladant les hautes briques pendant le mois de Ramadan juste pour aller à la mosquée d’Al-Aqsa pour la prière du vendredi, et au lieu de cela perdre leur vie en manifestant contre une intrusion de plus en plus proche à Bil’In.
En fait, le Mur est, une barrière physique mais n’est pas encore un état d’esprit. Les clôtures n’ont pas encerclés l’espoir et l’occupation ne peut pas balayer tous les vœux/souhaits de voir plus loin. Cela pèse de changer le visage de la résistance.
Personne ne sait comment la séparation affectera l’engagement palestinien sur le long terme. Pour nous, public passif dans cette pièce controversée, du côté palestinien, ces hautes briques grises ne disent pas « entrée interdite », elles crient haut et fort « ce Mur n’existera plus ».
Et au-delà de ce mur ? Une mer sans fin, Gaza et la terre du Retour.